The local appropriation of global products: stock cubes in Senegal / L’intégration locale des produits mondiaux – le bouillon cube au Sénégal

The local appropriation of global products: stock cubes in Senegal

Launched on the market in 1908 by Julius Maggi, a Swiss entrepreneur, stock cubes have invaded African kitchens like no other industrially manufactured food product. And like no other industrial food product the shiny yellow-red packets are omnipresent in the public sphere of West African cities.

Stock cubes were introduced in West Africa during colonial times together with other industrial food products like tomato paste, tinned sardines and sweetened condense milk. The local production of stock cubes started in the mid-1970s. Initially, just global brands were manufactured; later, local entrepreneurs followed with the introduction of local brands. For present consumers of the region, stock cubes form part of the daily diet. In Senegalese households stock cubes are already used by the third generation of consumers.

Consumption is a relatively new topic in anthropology. Till the end of the 1970s consumption - compared to production and trade - attracted little explicit concern within economic anthropology as well as studies of material culture. Present studies examine consumption as a social practice localised in space and time. The articulation of global and local aspects is focused: how do new consumption products get (re-) contextualised in a new cultural context? Beyond examining the appropriation of stock cubes in Senegal, the research project aims to contribute to this debate.

Stock cubes, although inconspicuous and ostensibly trivial, are a particularly suitable product for an anthropological study of local appropriation processes. Firstly, food habits are more firmly rooted in the cultural context than other consumer patterns and generally change at a slower pace. Secondly, stock cubes are actually incorporated during cooking into a core component of daily family meals “la sauce”. Finally, for West African consumers in Europe or the US, stock cubes now imported as Africanised version from Abidjan, Douala or Dakar and sold in specialised West African food shops form part and parcel of their "local food products".

The project examines the practical and symbolic appropriation of stock cubes in Senegal since their introduction during colonial times until today. It is assumed that the appropriation of global products is shaped by a continuous interplay between producers, the market and consumers. The empirical research focuses upon three elements of the appropriation process: (1) the appropriation of stock cubes by the consumers at the household level; (2) the strategies of introduction, adaptation and localisation of the producers; and (3) the influence of intermediary actors on the localisation and adaptation of stock cubes. The research includes different groups of consumers as well as local and global producers.


L'intégration locale des produits mondiaux - le bouillon cube au Sénégal

Le bouillon cube qui a été lancé sur le marché suisse en 1908 par Julius Maggi s'est imposé comme aucun autre produit alimentaire industriel dans les cuisines africaines. Et comme aucun autre, dans son brillant emballage jaune et rouge, le bouillon cube est omniprésent dans l'espace public des villes ouest africaines.

Le bouillon cube a été introduit en Afrique de l'Ouest pendant l'époque coloniale avec d'autres denrées industrielles comme le concentré de tomates, le lait concentré et les sardines en boîte. Les multinationales ont installé une production locale au milieu des années 1970 et sont suivies par des producteurs locaux qui créent alors leurs propres marques. Pour les consommateurs ouest africains d'aujourd'hui, le bouillon cube est devenu un produit alimentaire « de base » de tous les jours. Dans les familles sénégalaises on trouve déjà des consommateurs de la troisième génération.

Bien que la consommation soit, au même titre que la production et la distribution, un des éléments constitutifs de tout système économique, l'étude en a été négligée par l'anthropologie économique ainsi que par les études de la culture matérielle jusqu'au milieu des années 1970. La recherche anthropologique moderne considère la consommation comme une pratique sociale localisée dans l'espace et dans le temps. Elle met l'accent sur l'articulation des facteurs locaux et globaux: comment des produits étrangers sont-ils re-contextualisés dans un milieu culturel nouveau? Au-delà de l'étude de l'intégration du bouillon cube au Sénégal le projet vise à contribuer à ce débat théorique.

Le bouillon cube, un produit banal qui ne prête guère à considération se révèle tout à fait exemplaire pour une recherche sur l'intégration locale des produits mondiaux. Tout d'abord, les habitudes alimentaires sont plus profondément ancrées dans le contexte culturel que d'autres pratiques de la consommation et elles changent plus lentement. De plus, en tant qu'ingrédient dans les sauces, un élément clé du repas familial quotidien, le bouillon cube doit aussi être intégré dans les recettes traditionnelles ou nouvelles de manière pratique. Finalement, pour les consommateurs ouest africains, en Europe et aux Etats Unis, le bouillon cube est maintenant importé dans des versions africanisées d'Abidjan, de Douala et de Dakar et offert dans les magasins spécialisés dans les denrées ouest africaines - il est devenu partie intégrante de leurs « produits locaux ».

Le projet de recherche porte sur l'intégration locale du bouillon cube au Sénégal au niveau à la fois pratique et symbolique. L'étude part de l'hypothèse que l'intégration locale de produits mondiaux se développe dans une interaction dynamique et continuelle entre les producteurs, le marché et les consommateurs. L'enquête empirique sera menée à trois niveaux différents: (1) l'intégration du bouillon cube au niveau des ménages; (2) les stratégies de l'introduction, de l'adaptation et de la localisation par les producteurs; et (3) l'influence des acteurs intermédiaires. L'analyse est conçue de façon comparative. Elle implique des groupes de consommateurs différents ainsi que des producteurs locaux et mondiaux.

Photo: Marché Sandaga, Dakar.