Des quatre bestiaires qui s’inspirent du Physiologus (c’est-à-dire Pierre de Beauvais, Philippe de Thaon, Gervaise et Guillaume le Clerc), seul le premier mentionne le chien aussi bien dans la version courte que dans la version longue. La description de l’animal en question et la moralisation y suivent de très près les textes du pseudo-Hugues de Saint-Victor. Ensuite, Richard de Fournival s’est basé sur Pierre de Beauvais pour son Bestiaire d’Amours, mais le seul élément qu’il retient est que le chien retourne à sa vomissure. Situé dans le contexte de l’amour courtois, l’auteur utilise cette image pour exprimer son désir de ravaler ses prières d’amour. Toutefois, dans la Réponse, la Dame interprète tout autrement la même image: selon elle, la provision de nourriture est une provision d’honneur qu’elle doit bien protéger pour pouvoir y recourir quand besoin en est. Finalement, dans le Bestiaire d’amour rimé, l’auteur anonyme nous présente d’abord le chien comme un animal avare et envieux (vv. 1828-40). Ensuite, il voudrait que les gens déloyaux, comparés aux chiens déloyaux, puissent reprendre leurs paroles médisantes, comme le chien remange sa vomissure (vv. 1853-78). Cette image est donc deux fois utilisée pour exprimer le désir de ravaler des paroles, mais le contexte est différent.
Dans les deux derniers textes, les auteurs insistent beaucoup plus sur les défauts du chien, là où les aspects positifs et négatifs se tenaient encore en équilibre chez Pierre de Beauvais, comme dans les bestiaires latins.
Ausg.: Richard de Fournival: Le Bestiaire d’amour suivi de la Réponse de la Dame, éd. C. HIPPEAU, 1852-1877, ND1969; Le Physiologus ou Bestiaire, éd. C. CAHIER, dans: Mélanges d’archéologie, d’histoire et de littérature, 1851, 2, 85-100 et 106-232; Le bestiaire d’amour rimé, éd. A. THORDSTEIN, 1941; Le Bestiaire de Pierre de Beauvais (Version courte), éd. G.R. MERMIER, 1977.
An Smets
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